Un nouveau charnier de yézidis découvert en Irak
Deux nouvelles fosses communes contenant des corps de membres de la minorité yézidie ont été découvertes dans la région de Sinjar, entre Mossoul et la frontière syrienne.
Deux fosses communes contenant des corps de membres de la minorité yézidie, persécutée par le groupe Etat islamique (EI), ont été découvertes dans le nord de l'Irak, a annoncé dimanche un
responsable local. "Deux charniers ont été trouvés dans le village de Oumm al-Chababik", dans la région de Sinjar, entre Mossoul et la frontière syrienne, a déclaré à l'AFP le maire de Sinjar
(nord-ouest). Les deux fosses, contenant neuf corps chacune, sont distantes de 150 mètres l'une de l'autre.
29 charniers mis à jour
Selon lui, cette macabre découverte porte à 29 le nombre de charniers mis à jour depuis que les forces anti-EI ont repris l'an dernier la ville de Sinjar, où est concentrée la minorité yézidie. Au
moins 1.600 corps se trouvent dans ces fosses communes, affirme-t-il. Adeptes d'une religion monothéiste pré-islamique, les Yézidis sont considérés comme hérétiques par l'EI, qui leur a fait subir
des traitements particulièrement cruels, exécutant des hommes et faisant des femmes des esclaves sexuelles.
En mars 2015, l'ONU a qualifié l'assaut de l'EI contre les Yézidis en Irak de "tentative de génocide" et réclamé la saisie de la Cour pénale internationale (CPI). Selon les leaders de la communauté,
jusqu'à 3.000 femmes yézidies seraient toujours entre les mains des jihadistes.
Paris Match 27/11/2016
Irak : les Yézidies, négligées par la communauté internationale
Des femmes, des jeunes filles et des fillettes yézidies ayant été réduites en esclavage, violées, frappées et torturées par le groupe armé État islamique (EI) ne bénéficient pas d’un soutien adéquat de la part de la communauté internationale.
Lors de notre mission dans la région semi-autonome du Kurdistan irakien en août 2016, nous avons recueilli les propos de 18 femmes et jeunes filles qui avaient été enlevées par l’EI.
Depuis que des combattants de l’EI ont attaqué la région de Sinjar, dans le nord-ouest de l’Irak en août 2014, les Yézidis sont systématiquement et délibérément pris pour cible. Des milliers de personnes ont été enlevées ; des centaines d’hommes et de garçons ont été massacrés ; beaucoup ont été menacés de mort s’ils ne se convertissaient pas à l’islam.
Des femmes et des jeunes filles yézidies enlevées sont séparées de leurs proches, puis « offertes » ou « vendues » à d’autres combattants de l’EI en Irak et en Syrie. Elles sont souvent échangées à plusieurs reprises entre combattants, violées, frappées ou victimes d’autres violences physiques, privées de nourriture et d’autres biens de première nécessité, et forcées à nettoyer, cuisiner et accomplir d’autres corvées pour leurs ravisseurs.
Les femmes qui ont témoigné ont pu s'échapper ou être libérées après le paiement d'une rançon par leur famille. Elles nous ont raconté que certaines de leurs filles ou de leurs sœurs se sont suicidées en captivité après de terribles souffrances. Plusieurs témoins nous confient qu'elles aussi ont envisagé le suicide.
L’HORREUR EN CAPTIVITÉ
Jamila*, une jeune femme de 20 ans enlevée en 2014a été violée à plusieurs reprises par au moins 10 hommes différents après avoir été « revendue » d’un combattant à l’autre.
Jamila a expliqué que des combattants les ont forcées, elle et d’autres femmes et jeunes filles à se déshabiller et à « poser » pour des photos à Mossoul, avant de les « revendre ». Elle a essayé de s’échapper à deux reprises mais a été rattrapée à chaque fois. À titre de punition, elle a été attachée à un lit par les mains et les jambes, a subi un viol en réunion, et a été frappée à coups de câbles et privée de nourriture.
Elle a finalement été libérée en décembre 2015 après le paiement d’une rançon par sa famille.
Comme de nombreuses autres femmes, ce qu’elle a vécu en captivité l’a amenée à envisager le suicide. Mais elle est déterminée à s’exprimer :
Je ne veux pas cacher ce qui s’est passé, pour que les gens puissent aider non seulement celles qui sont toujours avec Daech [acronyme arabe de l’EI], mais aussi les anciennes victimes à reconstruire leur vie. »
Jamila
Nour, une jeune fille de 16 ans de Siba Sheikh Khidir ayant donné naissance à une petite fille durant sa période de captivité qui a duré près de deux ans, a été transférée entre plusieurs lieux en Syrie et en Irak, notamment à Tal Afar, à Mossoul, à Alep et à Raqqa.
Elle a décrit à quel point les mauvais traitements que les combattants de l’EI infligent aux Yézidis sont déshumanisants.
Pour eux nous sommes des "kouffar" [infidèles] et ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Ce fut tellement humiliant. Nous étions emprisonnés ; ils ne nous donnaient pas à manger ; ils nous frappaient [tous] même les jeunes enfants ; ils nous achetaient et nous vendaient et nous faisaient ce qu’ils voulaient [...] C’est comme si nous n’étions pas humains pour eux », a-t-elle dit, ajoutant que ses trois sœurs et sa tante sont toujours en captivité. (...) Je suis libre maintenant, mais d’autres continuent à vivre ce cauchemar, et nous n’avons pas assez d’argent pour subvenir à nos besoins et payer pour faire revenir nos proches.
Nour
Une femme de 42 ans originaire de la région de Sinjar, qui a passé 22 mois en captivité avec ses quatre enfants, a indiqué qu’ils restent traumatisés. Elle a expliqué qu’un combattant de l’EI particulièrement brutal a cassé les dents de son fils de six ans et s’est moqué de lui, et frappé sa fille de 10 ans si sauvagement qu’elle s’est uriné dessus. Elle s’inquiète également du remboursement de l’argent emprunté pour obtenir leur libération. Elle a arrêté d’aller chez le médecin parce qu’elle n’en a plus les moyens.
TRAUMATISMES ET DETTES
La majorité des centaines de femmes et de jeunes filles yézidies parvenues à s’échapper après avoir été capturées vivent dans des conditions difficiles, soit avec des membres de leur famille sans ressource qui ont été déplacés de chez eux, ou dans des camps pour personnes déplacées du Kurdistan irakien.
En plus deleurs traumatismes, elles se retrouvent à devoir rembourser d’énormes dettes - jusqu’à des dizaines de milliers de dollars américains -, après que leur famille a fait des emprunts pour payer leur libération.
Il faut renforcer les moyens d’agir des victimes et leur donner la capacité de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Il n’existe actuellement aucun système unifié permettant d’évaluer et satisfaire les besoins des personnes ayant connu la captivité aux mains de l’EI, et la plupart dépendent de réseaux familiaux ou de proximité pour obtenir de l’aide.
Les services et l’assistance humanitaire dont bénéficient actuellement les victimes, fournis par divers gouvernements, organisations non gouvernementales et agences des Nations unies sont sous-financés et leur qualité est variable.
Un programme soutenu par le gouvernement allemand a permis à 1 080 Yézidis - des personnes ayant subi des violences sexuelles et leur famille immédiate - de se rendre en Allemagne pour recevoir des soins spécialisés, mais les victimes ont désespérément besoin d’autres initiatives de ce genre.
Les donateurs doivent établir et financer des programmes de soutien et de soins spécialisés, en consultation avec les victimes, les militants de cette communauté et les prestataires de soins.
3800 FEMMES ET ENFANTS TOUJOURS EN CAPTIVITÉ
Beaucoup de personnes nous ont dit que leurs enfants leur ont été arrachés. Des garçons ayant plus de sept ans ont été emmenés pour être endoctrinés et entraînés au combat, tandis que des fillettes n’ayant pas plus de neuf ans ont été « vendues » comme esclaves sexuelles.
Selon certains politiciens, militants et prestataires de services de santé locaux, quelque 3 800 femmes et enfants se trouvent toujours en captivité aux mains de l’EI. On ne sait pas ce qui est advenu de centaines d’hommes yézidis enlevés et on craint que la plupart ne soient morts.
UNE IMPUNITÉ TOTALE
Jusqu’à présent, pas une seule personne accusée d’avoir commis des crimes contre la communauté yézidie n’a été poursuivie ni jugée en Irak. Les quelques procès ayant eu lieu concernant des crimes que l’EI aurait commis en Irak n’ont pas fait grand chose pour établir la vérité sur les violations, ni rendre justice et accorder des réparations aux victimes.
Si les autorités irakiennes veulent réellement obliger les membres de l’EI à rendre des comptes pour leurs crimes, elles doivent de toute urgence
- ratifier le Statut de Rome et déclarer la Cour pénale internationale compétente pour juger de tous les crimes perpétrés en Irak dans le cadre de ce conflit.
- promulguer des lois érigeant en infraction les crimes de guerre et crimes contre l'humanité, et
- réformer les secteurs de la sécurité et de la justice afin de les mettre en conformité avec les normes internationales.
- coopérer avec la communauté internationale afin de garantir que ces crimes donnent lieu à des enquêtes et des poursuites efficaces.
Tous les noms ont été modifiés pour protéger l’identité des victimes.
12/10/2016 amnesty.fr
Le génocide de l'orient pluriel
On ne saurait dire la souffrance des Yézidis en proie aux pires exactions commises par les assassins de Daech. Les secourir, c’est combattre le totalitarisme exterminateur du groupe Etat islamique.
La plupart des Européens les ignorent, une large partie des musulmans les méprisent, les djihadistes les haïssent, aucun Etat ne vient à leur secours. Ils seraient aux alentours de 600000 Yézidis en Irak, quasi abandonnés à leur sort, en proie aux pires exactions commises par les assassins de Daech.
On ne saurait dire leur souffrance, tant les témoignages abondent ; jeunes filles vendues comme esclaves, offertes comme du bétail à des monstres ivres de sang, viols fréquents et sévices
innombrables, jeunes hommes enrôlés de force par l’organisation Etat islamique, roués de coups et transformés en bêtes de somme ou en boucliers humains.
Génocide "en cours"
Le rapport de la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie affirme qu’un génocide est “en cours“. Les Yézidis sont l’incarnation d’un phénomène international que la froideur des statistiques
déshumanise : en 2015, plus de 65 millions de réfugiés et de personnes déplacées, victimes des conflits ou des persécutions, ont été dénombrés dans le monde, chiffre le plus élevé jamais atteint au
cours de l’Histoire. Derrière ce flot anonyme, ce sont des hommes et des femmes héritiers de sociétés très anciennes, qui sont souvent menacés de disparition.
Dans l’idéologie sauvage de Daech, les Yézidis sont bien plus que des mécréants ; ils sont, avec les chrétiens, les derniers à porter la marque du Moyen-Orient pluriel d’avant l’islam. Du reste, les
Yézidis ont sauvé 15000 Arméniens des Turcs durant le génocide de 1915, et, dès 1949, ceux d’entre eux qui étaient restés juifs ont émigré en Israël ; c’est dire leur propension à respecter toutes
les cultures (2) et à pratiquer la tolérance.
A ce titre, ils ont subi au fil des siècles des persécutions qui les ont conduits, notamment à la période ottomane, à fuir vers le Caucase, où ils seraient environ 180000 (en Arménie, en Géorgie et en Russie), et, plus récemment, vers les Etats-Unis ou l’Allemagne. Aujourd’hui, il s’agit carrément de leur anéantissement.
Pour l’organisation Etat islamique, l’islam est l’Histoire, il ne peut, il ne doit, rien subsister d’antérieur, faute de quoi la foi de Mahomet n’aurait pas prévalu sur toutes les autres. Secourir
les Yézidis est une façon sûre de combattre ce totalitarisme exterminateur.
lexpress.fr 21.06.2016
L’Etat Islamique brûle vif 19 filles yézidis à Mossoul Irak.
Les terroristes extrémistes de l’Etat Islamique ont exécuté jeudi 19 filles yézidis en les brûlant vif ont rapporté des témoins.
Les victimes, qui avaient été capturées par les terroristes comme esclaves sexuelles, ont été placés dans des cages en er dans le centre de Mossoul et brûlé à mort devant des centaines de personnes.
“Ils ont été punis pour avoir refusé d’avoir des relations sexuelles avec des militants de l’Etat Islamiques », a déclaré l’activiste Abdullah al-Malla.
“Les 19 filles ont été brûlées vif tandis que des centaines de personnes regardaient. Personne ne pouvait rien faire pour les sauver de la punition brutale, “ a déclaré un témoin oculaire à Mossoul.
En Août 2014, les radicaux de l’Etat Islamique ont repris la région yézide de Shingle dans le nord de l’Irak, provoquant un déplacement massif de près de 400000 personnes à Duhok et Erbil au Kurdistan irakien. Des dizaines de milliers de Yézidis sont restés pris au piège dans le mont Sinjar, souffrant de massacres, d’enlèvements et de cas de viol, selon des sources locales et militaires. En outre, plus de 3000 filles yézidis ont été prises par le groupe radical comme esclaves sexuels.
05.06.2016
Bagarre de masse au sein d'un centre pour réfugiés à Bielefeld (Allemagne) 21.05.2016
les 20 familles Yezidis quittent leurs camps de réfugiés, ils sont soumis à la violence et à la discrimination de la part des réfugiés musulmans radicaux, ils ne veulent plus rester là parce que cela fait plusieurs fois que les bagarres éclatent.
ARMÉNIE-AZERBAÏDJAN-KARABAKH-CONFLIT 03.04.2016
Encore des photos insoutenables : celle d’un soldat azéri paradant avec la tête décapité d’un soldat arménien tué lors des récents affrontements au Karabagh. Le soldat azéri présente la tête comme un trophée. La vidéo placé sur Youtube a été rapidement effacée. Il circule toutefois sur twitter des photos macabres.
deuxième soldat arménien d'origine ezidis retrouvée mort Boris Ozmanian
Kerry: Daesh commet des "génocides" contre les chrétiens, les yézidis et les chiites
Le chef du Pentagone a qualifié les crimes commis par l'organisation jihadiste Daesh, de génocide sur les minorités religieuses en Syrie et en Irak.
Le groupe jihadiste Daesh est en train de commettre des génocides contre les chrétiens, les yazidis et les musulmans chiites sur les territoires qu'il contrôle en Syrie et en Irak, a estimé jeudi le secrétaire d'Etat américain John Kerry.
"L'EI affirme lui-même qu'il commet des génocides, des faits confirmés par son idéologie et par ses actions", a insisté John Kerry pour qui "l'EI est aussi responsable de crimes contre l'humanité contre ces mêmes groupes".
Washington n'a jamais contesté les sévices subis par les minorités religieuses en raison des exactions de Daesh, mais parler de "génocide" va avoir des implications légales au niveau international. John Kerry a pris cette décision de classer les actes de Daesh comme étant des "génocides" après que la Chambre des représentants a déjà voté dans le même sens.
La brutale persécution des minorités religieuses
Les élus avaient fixé jusqu'à ce jeudi pour que le département d'Etat confirme si le gouvernement américain considère ces brutales persécutions de minorités religieuses comme des crimes contre l'humanité et comme des génocides.
Un porte-parole du département d'Etat avait annoncé mercredi que John Kerry ne pourrait rendre sa décision dans les temps étant donné la quantité de documents qu'il devait analyser, mais le secrétaire d'Etat a finalement respecté les délais fixés par le Congrès.
Les Etats-Unis sont déjà à la tête d'une coalition internationale qui bombarde régulièrement les jihadistes du groupe Daesh en Syrie et en Irak.
17/03/2016 bfmtv.com
Nadia Hamour - La lente agonie des femmes yézidies
TRIBUNE. À l'occasion de la Journée de la femme, la secrétaire nationale LR veut sensibiliser au sort des Yézidies, victimes d'un génocide commis par Daech.
Chaque année, depuis un siècle maintenant, les femmes sont à l'honneur le 8 mars. Combien de femmes seront encore exclues de cette journée aujourd'hui ? Si cela est acquis dans notre pays et en
Occident, être une femme n'est pas partout dans le monde un statut enviable… Chaque jour, depuis près de deux ans maintenant, les femmes issues de la minorité yézidie sont l'objet d'un véritable
génocide, violées, vendues et assassinées par Daech parce que yézidies, dans l'indifférence la plus totale. Démocrates et féministes du monde entier, mais aussi ceux du monde arabe qui se sont
dressés courageusement contre les dictatures et les obscurantismes, doivent élever leurs voix contre ces massacres pour faire du 8 mars la Journée internationale des femmes yézidies.
Depuis 2014, nous assistons à la disparition programmée d'un morceau de l'identité orientale et d'un élément d'une civilisation mille fois millénaire, incarnée par la minorité yézidie. D'origine
kurde, la communauté yézidie, estimée à 500 000 membres, est installée au Moyen-Orient depuis plusieurs millénaires. Adeptes d'un syncrétisme religieux mêlant plusieurs influences, leur histoire se
confond avec celle de leur persécution qui remonte au Moyen-Âge. Massacrés au XIXe siècle, ils sont aujourd'hui des milliers à fuir les attaques terroristes de l'organisation État islamique contre la
région de Sinjar, berceau de cette minorité irakienne.
Comme les chrétiens, que les fanatiques sanguinaires de Daech tentent de marginaliser et d'exclure de la société et du monde, les Yézidis font partie des premières communautés persécutées par les
djihadistes. Comme les chrétiens d'Orient, ils représentent une des minorités les plus méprisées et ostracisées. Décapités, crucifiés, exécutés, les Yézidis sont massacrés par les djihadistes qui
n'hésitent pas à vendre leurs enfants comme esclaves sexuels ou à les enterrer vivants.
Dans leur entreprise de purification ethnique, les femmes et les filles yézidies sont la cible particulière des djihadistes qui en font des esclaves au service de l'organisation État islamique et de
ses combattants. Dépouillées de leur humanité, ces femmes et ces filles yézidies sont considérées comme des butins de guerre, vouées à devenir des esclaves sexuelles et domestiques. Elles sont
aujourd'hui des centaines, voire des milliers à être mariées de force, vendues ou offertes à des combattants, irakiens ou syriens, ou des sympathisants de l'EI comme en témoigne dans son livre la
jeune Jinan, victime de cette traite d'êtres humains.
Poussant toujours plus loin les limites de son ignominie, Daech a fait du viol des prisonnières yézidies, y compris des enfants, une pratique codifiée et bureaucratisée digne du Moyen-Âge, au mépris
des droits humains les plus fondamentaux. Cette « théologie du viol » est définie pour répondre à la nécessité de recruter toujours plus de terroristes, en leur permettant d'éviter la tentation du
péché, c'est-à-dire les relations sexuelles interdites par la charia.
Ces massacres et la réduction en esclavage des Yézidis, qualifiés aujourd'hui de « génocide » par les Nations unies, sont perpétrés aux portes de l'Europe et de la Méditerranée. Pourtant, l'agonie
des femmes yézidies ne suscite guère de mobilisation à la hauteur de leur tragédie. Pas assez musulmanes ni suffisamment chrétiennes ? Kurdes non reconnues par l'État irakien car pas assez arabes
?
Coupées du reste du monde, les cris des femmes yézidies résonnent difficilement. J'entends encore l'appel émouvant de la députée yézidie Vian Dakhil, qui, en invoquant l'humanité tout entière,
implorait ses collègues irakiens impassibles de sauver cette minorité persécutée. C'était il y a un an et demi… L'anéantissement qui se déroule sous nos yeux est pourtant d'une extrême gravité, sur
le plan de la conscience humaine mais également pour l'avenir de l'Orient, du monde arabe comme de l'Occident
08.03.2016 lepoint.fr
LE CHARTER DES FEMMES BROYÉES
Elles ont vécu le pire entre les mains de Daech. Ce voyage vers l’allemagne est une renaissance physique et psychologique.
Le commandant demande d’attacher les ceintures, mais presque personne n’obéit. Ces femmes yézidies parlent mal l’arabe, encore plus mal l’anglais. Ce mardi 26 janvier, elles embarquent à Erbil, dans un charter privé, pour un pays dont elles ne savent pas prononcer le nom : l’Allemagne. A bord, l’ambiance est à la fois euphorique, morose et mélancolique. « Je laisse mon coeur ici. Je dois partir, Daech a brisé mon corps. Pour vivre, il faut le réparer. » Nez collé au hublot, Leïla regarde l’Irak s’éloigner… Elle a seulement 20 ans, le visage piqué de taches de rousseur, un sourire lumineux. Pétillante, de la douceur dans les yeux. Sauf lorsque les souvenirs humiliants resurgissent. Alors, elle devient sévère, agitée. Brusque. Son ton, acide.
L’appareil traverse un troupeau de nuages lorsqu’elle nous raconte sa fuite, le 10 juillet 2015, onze mois après son enlèvement par des combattants de Daech. Son poussiéreux bled irakien avait déjà été meurtri par les hommes d’Al-Qaïda en 2007 : 400 Yézidis avaient été tués – et leurs 70 maisons rasées – par l’explosion de quatre camions bourrés de 2 tonnes d’explosifs. Leïla avait survécu. Sept ans plus tard, l’horreur l’a rattrapée. Rien de nouveau sur la terre des Yézidis. Parce qu’ils représentent un ange en paon et Dieu en soleil, ils sont traités d’hérétiques. Pour Daech, Leïla et ses semblables sont les descendantes du calife Yazid Ier, qui a fait tuer le petit-fils du prophète Mahomet… C’est pourquoi, quatorze siècles plus tard, elles méritent d’être violées, réduites en esclavage et massacrées. Depuis l’offensive de 2014, 5 838 femmes ont été kidnappées, plus de 1 000 hommes tués. Lorsque nous survolons les abords escarpés du mont Sinjar, des images terrifiantes lui reviennent.
Leïla vivait là avec ses parents, son frère et ses six soeurs. Puis les djihadistes sont arrivés. Ils ont trié les villageois, sommé les adolescents de soulever leur chemise. A ceux qui avaient du poil sous les aisselles, ils ont ordonné de rejoindre leurs aînés. Après, la condamnation variait : décapitation ou exécution dans un champ voisin, d’une balle dans la tête. Leïla est embarquée dans un bus avec les femmes et les plus jeunes enfants : « On était assises les unes sur les autres. » Depuis ces bétaillères qui roulent jusqu’aux grandes villes, on aperçoit au bord des routes les cadavres des époux, des fils, des pères. Des charniers à ciel ouvert. Aujourd’hui, à l’évocation des « hommes en noir », Leïla éprouve toujours les mêmes frissons d’angoisse. Mais les turbulences qui secouent la carlingue ne l’inquiètent pas plus que ses compagnes. Aucune n’avait, jusqu’à présent, quitté la terre de leurs ancêtres. La mort à 10 000 mètres d’altitude ? Après ce qu’elles ont vécu, ce ne serait qu’un détail : « Les conditions de notre captivité étaient bien pires… »
L’ETAT ISLAMIQUE A FAIT DE L’ESCLAVAGE SEXUEL UNE INSTITUTION, UN OUTIL DE RECRUTEMENT ET UNE STRATÉGIE DE PROPAGANDE
Toutes ont été parquées pendant des mois dans des immeubles insalubres, sans fenêtres. A Mossoul, certaines se sont entassées dans le salon de mariage du Galaxy, un palace datant de l’ère de Saddam Hussein ; d’autres, à l’intérieur du ministère de la Jeunesse. Leïla, elle, a eu droit à la prison crasseuse de Badush, comme des centaines de femmes, parfois accompagnées de leurs enfants aux yeux gonflés de larmes. Là-bas, l’air était irrespirable, le vacarme infernal. « Au bout de plusieurs heures, des soldats sont arrivés pour nous dire que nous étions désormais leurs “sabayas”, leurs esclaves. » Celles qui protestent sont tabassées, traînées par les cheveux, emmenées on ne sait où. On demande aux autres leurs nom, prénom, âge, ville d’origine. Elles doivent dire si elles sont mariées, si elles ont des enfants, et donner la date de leurs dernières menstruations. « Celles qui ne sont pas vierges, il faut auparavant s’assurer que la matrice est vide », répètent les hommes. L’Etat islamique a fait de l’esclavage sexuel une institution, un outil de recrutement et une stratégie de propagande. Jusqu’à codifier et développer une bureaucratie détaillée, incluant des contrats de vente notariés par leurs tribunaux avec des prix qui vont de 35 à 138 euros, en fonction de l’âge. Les petites flles de 9 et 10 ans sont les plus recherchées.
« Il est possible de chevaucher l’esclave impubère si elle est [anatomiquement] valable. Si elle n’est pas valable, son maître peut se contenter de jouir d’elle sans la chevaucher », lit-on dans un document « officiel » récupéré. Sur le territoire de Daech, les écoles primaires et les bâtiments municipaux de Tal Afar, de Tikrit et de Sinjar accueillent des marchés géants de femmes asservies, parfois pieds et mains liés. Elles sont exposées comme du bétail, puis vendues. L’une nous jure avoir été monnayée onze fois ! Leïla, elle, est restée vingt-cinq jours à Badush avant de trouver acquéreur. Elle raconte le dernier, un Libyen. La quarantaine, odieux, infect, perfide. Il ne lui parle jamais. De lui, elle entendra seulement des insultes, des menaces et des râles… Car il la viole jour et nuit, bestialement, la torture, l’offre en cadeau à des camarades de combat. Ce qui l’excite le plus ? Attacher la jeune fille sur une chaise, la bâillonner, lui brûler les mains avec de la cire chaude en lui murmurant : « Tu es encore plus belle lorsque tu pleures. » Songe-t-il à d’éventuels descendants ? Il la convertit de force à l’islam. Zina, 8 ans, n’en fnit pas de regarder l’horizon à travers le hublot. La petite soeur de Leïla a elle aussi été prisonnière de Daech, élève d’une école coranique. Jamais elle n’aurait imaginé « toucher le ciel et les anges ».
"AU COURS DE NOTRE HISTOIRE, NOUS AVONS SUBI 72 GÉNOCIDES" ÉCRIT HAJI GHANDOUR, DÉPUTÉ IRAKIEN YÉZIDI
Ce sont déjà 600 femmes et 500 enfants qui ont « flotté dans les airs » grâce au Dr Michael Blume. Il est à la tête d’un programme de rapatriement que finance le gouvernement fédéral de Bade-Wurtemberg, assisté par l’Organisation internationale pour les migrations (IOM-OIM). A Stuttgart, en Allemagne, les victimes et leurs familles seront accompagnées par des assistants sociaux et installées dans des villages dont les noms ont été gardés secrets pour des raisons de sécurité. Une initiative unique en Europe. Tout est pris en charge et les enfants sont scolarisés. « Plus de 2 300 femmes se sont échappées de l’enfer de Daech, mais nous ne pouvons pas toutes les rapatrier. Nous avons sélectionné les cas les plus graves », explique Mirza Dinnayi, un des responsables du projet. Elles ont reçu un permis de séjour en Allemagne de deux ans, pendant lesquels leur est offert un soutien médical, psychologique, financier et social. Elles suivront aussi des cours de langue et auront des possibilités de travailler. « Nous ne pourrons jamais les guérir de leurs traumatismes, mais nous pouvons les aider à vivre avec. Comment ? D’abord en les racontant. »
Le Pr Jan Ilhan Kizilhan les écoutera chacune deux heures par semaine. « Comme au Rwanda ou en Bosnie, nous faisons face à un génocide. Il n’y a aucune limite à la cruauté de l’Etat islamique, qui utilise le viol systématique comme arme de guerre pour détruire la communauté des Yézidis. » Le brillant psychologue croit à l’inconscient familial : la transmission des douleurs psychiques de génération en génération. Depuis le XIIIe siècle, les Yézidis sont persécutés. Dans l’Empire perse et l’Empire ottoman, comme dans la République d’Irak, ils sont considérés comme des hors-laloi, rustres et miséreux ; 1,8 million ont été convertis de force, 1,2 million ont été tués. « Au cours de notre histoire, nous avons subi 72 génocides, écrit Haji Ghandour, député irakien yézidi. Nous craignons que Sinjar ne soit le 73e. » L’odeur forte des plateaux-repas envahit l’habitacle. Deux hôtesses, blondes et maquillées, versent le thé. Mayani fronce les sourcils : « Il est très mauvais ! » Elle maugrée lorsqu’elle avale son riz et son morceau de poulet… Elle se force à se servir d’une fourchette. « A la maison, on utilise une cuillère ou du pain pour ramasser la nourriture. » Mais, dans la rangée 14, une autre voyageuse se réjouit.
« Là-bas, nous avions seulement des biscuits, du riz, de la viande pourrie, de l’eau croupie. Mon bourreau nous affamait, nous assoiffait pour nous rendre encore plus faibles et dociles. » D’un fauteuil à l’autre, ce sont de nouvelles histoires de résistance, de nouvelles preuves de courage. Certaines en ont payé le prix lourd. Battues, martyrisées, humiliées. Des châtiments cruels, « parfois mille fois plus horribles que les agressions sexuelles ». L’une raconte à voix basse que l’homme lui attachait les jambes et les bras pour abuser d’elle. « Parfois, c’est son épouse qui me tenait les poignets. » Une autre, pour repousser son tortionnaire, s’enlaidissait avec de la poussière et de l’huile. Son bourreau, un ogre barbu et crasseux, l’obligeait à se laver avant de la violer. Elle a gardé le souvenir de son odeur de sueur et de sang séché. Les combattants tchétchènes et géorgiens priaient avant de passer à l’acte. Et citaient l’islam pour se disculper. La religion les autoriserait à violer une non-croyante. Ce serait une arme pour la convertir, et se rapprocher de Dieu… Quatre heures ont passé depuis le décollage. Leïla n’arrive toujours pas à s’endormir. Elle gigote sur son siège, fait des allers-retours dans l’allée centrale, cherche les mots pour dire sa haine. Elle perd ses cheveux et la mémoire. Un méchant mal de dos engourdit son corps encore douloureux, son crâne est écrasé par les migraines. Sur son ventre, les ecchymoses ont disparu mais les séquelles des coups de poing ou de pied, des coups de crosse ou de câble électrique se réveillent parfois, imprévisibles et insupportables.
A LA SORTIE DE L’AVION, LES SOURIRES REVIENNENT. L’ENVIE DE VIVRE EST LA PLUS FORTE
« Ils m’ont volé ma virginité, ce fut atroce. Mais la nuit ce sont les hurlements des enfants qui hantent mes cauchemars, quand on les arrachait à leur mère. » Rangée 8, Saïda, 26 ans, prisonnière pendant quatorze mois et vendue quatre fois, baisse le regard. Sur sa main gauche, le nom de sa petite flle, Tûjîn, est tatoué. « Elle avait 2 ans et demi, elle est morte parce que j’ai refusé de faire l’amour et que je récitais mal le Coran. » Son djihadiste, un Libyen sadique, a enfermé pendant sept jours l’enfant dans une boîte en métal, puis l’a plongée dans un bac d’eau glacée. Saïda a vu Tûjîn perdre un oeil et mourir en deux jours sous les coups de poing du barbare, qui lui a brisé la colonne vertébrale. Son minuscule corps – seulement 10 kilos – est resté durant des jours sur le sol bétonné, dans une chaleur de presque 50 °C. « Il a aussi menacé de traîner mon fils de 7 ans derrière sa voiture. Alors, je me suis laissé faire… Vingt et un membres de ma famille ont été massacrés devant mes yeux et ceux de mes enfants. » Manière de dire qu’elle ne supporterait pas d’en voir un de plus… Toutes les passagères ont perdu des proches. Siva, 17 ans, est la seule femme de sa fratrie à avoir survécu. Elle a gardé un seul frère. La perspective de l’exil ne suffit pas à apaiser ses souffrances et son chagrin. Car ce voyage est aussi un déracinement.
Siva est restée un an dans un camp de combattants. Son corps a servi de récompense aux troupes ; elle a souffert d’infections vaginales répétées, de diarrhées chroniques. Elle est belle, d’une élégance étonnante, mais très fragile. « J’ai besoin de raconter ce qu’ils m’ont fait. Et de me soigner. » Fani, vêtue de noir, espère beaucoup elle aussi. Ses quatre enfants dorment, installés au fond de l’avion. Saari, sa cadette, née à Raqqa il y a un an, pendant sa captivité, est pendue à son sein. « Saari signife “douleur”. Je l’ai nommée ainsi car elle est venue au monde sans son père. Quand je la regarde, c’est lui que je vois, un homme bon, un policier. » Elle aussi nous confie avoir voulu se suicider. Pour échapper à son bourreau,Leïla s’est jetée du deuxième étage, se cassant une jambe et un bras ; elle a également tenté de s’électrocuter, et elle a avalé des médicaments par dizaines. Mais elle n’est pas morte. Une autre a essayé de se pendre avec son voile. Aucune n’a connu le sort de Sara. Le 26 janvier 2015, cette jeune femme de 18 ans s’est immolée par le feu. Pourtant, elle était sortie depuis quatre mois de l’enfer. Grâce au programme du Dr Blume, elle a été transportée en Allemagne il y a six mois. Elle y a subi huit opérations. Aucune ne lui rendra son beau visage, mais elle est pugnace. Zaïd, son père, est auprès d’elle, tous les jours. Il croit en son avenir, espère un grand mariage. Aujourd’hui, Sara est heureuse d’être en vie. Mais elle pleure, hurle, panique quand elle aperçoit un homme barbu dans le couloir de l’hôpital… A dix minutes de l’atterrissage, les filles appréhendent la vie qui les attend. Le brouillard se dissipe, les forêts épaisses et les collines enneigées apparaissent. Puis un immense ciel bleu les accueille à la sortie de l’avion. Alors, les sourires reviennent, l’envie de vivre est la plus forte. « Je vais pouvoir marcher tranquillement dans les rues, nous lance Siva. Me retourner sans avoir peur. »
11.02.2016 parismatch
Irak: plus de 3.000 Yézidis toujours aux mains de l'EI, selon une rescapée
Plus de 3.000 Yézidis restent captifs du groupe État Islamique (EI) après la campagne de persécutions orchestrée par les djihadistes contre cette minorité en août 2014, a témoigné mercredi à Athènes une rescapée de ces exactions, Nadia Murad. Cette femme de 21 ans, capturée et exploitée sexuellement pendant trois mois par l'EI, ce dont elle a témoigné le 16 décembre devant les Nations unies, a été reçue par le chef de l'État grec, Procopis Pavlopoulos.
Elle l'a appelé à "relayer sa voix dans l'Union européenne car des milliers de femmes et de petits enfants restent otages" des djihadistes.
"Actuellement, il y a 3.400 personnes (membres de cette minorité) détenues, des Syriens ou des Irakiens", a-t-elle précisé.
Le président grec s'est engagé à interpeller le Parlement européen sur le sort de cette communauté kurdophone, victime selon l'ONU d'une "tentative de génocide" après la prise par l'EI de leur fief de Sinjar, en Irak, en août 2014.
D'après son récit fait devant l'ONU, la jeune femme a été capturée en août 2014, quand des miliciens de l'EI ont fait irruption dans son village, tuant "tous les hommes" et s'emparant des femmes et enfants.
L'Etat islamique "a fait de la femme yazidie de la +chair+" destinée à l'exploitation sexuelle, avait-elle déclaré devant le Conseil de sécurité des Nations unies, lui demandant de renvoyer le "dossier du génocide yazidi" devant la Cour pénale internationale (CPI) et de tout mettre en oeuvre pour ramener la paix à sa communauté.
Après avoir réussi à s'échapper grâce à l'aide d'une famille de Mossoul, grande ville du nord de l'Irak occupée par l'EI, Nadia Murad s'est réfugiée en Allemagne où elle vit actuellement.
Elle a été accueillie à Athènes par un homme d'affaires gréco-irakien, Awn Hussain Al Khashlok, actif en faveur de son pays d'origine et qui a récemment obtenu la libération d'un nombre important de jeunes femmes yazidies détenues par des djihadistes, selon son entourage. (lalibre.be 30.12.2015)
A Sinjar, l'EI a massacré des centaines de Yézidis
Il y a 20 jours, les Kurdes libéraient la ville de Sinjar au nord-ouest de l'Irak. Dans cette ville aujourd'hui à 80% détruite par les bombardements de la coalition, les preuves d'un massacre contre
le peuple Yézidis émergent des décombres.
On savait déjà que plusieurs milliers de jeunes filles avaient été capturées par Daech pour être vendues sur le marché des esclaves sexuelles. Ces derniers jours, des charniers ont été découverts autour de la ville.
Une mâchoire, un crane, un fémur
Nous sommes au sud-ouest de Sinjar. Au milieu d'un champ, sous l'herbe jaunie par la sécheresse, des vêtements affleurent le sol et des ossements sont éparpillés çà et là, une mâchoire, un crane, un fémur vraisemblablement déplacés par les rapaces ou le ruissellement des eaux. Face à nous trois monticules de terres de trois mètres sur dix. Sheikh Nasser, membre du PDK, le parti au pouvoir au Kurdistan, se baisse pour nous montrer les preuves du massacre : « Ca se sont des douilles de kalachnikov, c'est avec ça qu'ils ont tué notre peuple. Vous voyez ce bandana, ils ont bandé les yeux des Yézidis avant de les tuer. Dans ces trois fosses sous la terre, il y a presque 150 personnes. Des femmes et des enfants. »
115 Yézidis, hommes, femmes et enfants
Sheikh Nasser nous emmène sur un autre site à l'est de la ville. 115 Yézidis, hommes, femmes et enfants y auraient été exécutés. Un portefeuille et des sandales jonchent le sol. Nous sommes aux pieds du mont Sinjar. Le 3 août 2014, des milliers de civils s'y réfugient lorsque les djihadistes pénètrent dans la ville. Du haut de la montagne, Aylass, une cinquantaine d’années, a tout vu dans les jumelles des soldats qui s'étaient eux aussi repliés : « Ils les jetaient des camions comme des moutons. Les djihadistes se sont mis autour des Yézidis et les ont exécutés. On était réfugiés dans une grotte, on les a vus avec les jumelles. Ensuite, ils ont enterré les corps en les recouvrant de terre avec un tractopelle. »
Six charniers
C'est grâce à ces témoignages, et à ceux des rescapés que les Peshmergas, ont retrouvé six charniers dès le lendemain de la libération de la ville. Ils contiendraient près de 400 corps. Et selon
les responsables locaux, il y aurait d'autres charniers encore plus importants autour de Sinjar dans des zones toujours sous le contrôle de l'organisation Etat islamique.
franceinter.fr 03.12.2015